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Les invasions barbares

de Denys Arcand
Québec, 2003

Avis mitigé pour un film désormais oscarisé. Les dialogues, souvent décrits comme subtils, brillants, fins, intelligents... m'ont surtout paru lourds, prétentieux et faciles, avec un côté théâtral qui m'a passablement gêné. Mais quelque part j'en viens à me demander si ce n'est pas un effet voulu par le réalisateur : car les scènes les plus fortes, les plus émouvantes de ce film, surgissent lorsque ses personnages cessent leurs babillages. Lorsque face à la réalité de la mort qui s'approche, les mots se révèlent impuissants, vains, inutiles, déplacés, et que le cynisme complaisant, simpliste et agaçant des protagonistes tombe comme un masque, comme une carapace dérisoire. A côté de ça, je reconnais que la description du milieu hospitalier canadien est impressionnante (effrayante, même), mais là encore, la critique sociale qui l'entoure est une caricature affligeante (les syndicats : pourris et copineurs; avec l'Etat, rien ne marche, etc). Sans parler du golden boy, qui résoud tous les problèmes en posant des liasses de billets sur la table --une approche qui n'est jamais remise en question... Je ne trouve pas ça particulièrement fin. Saluons néanmoins la performance de Marie-Josée Croze (cherchez Maelström, de Denis Villeneuve, excellent film également avec cette actrice), très touchante et très juste en junkie accompagnatrice du défunt. Bref, quelques moments forts (vraiment), mais noyés dans un ensemble pour le moins discutable. Peut-être le film prend-il une dimension totalement autre pour ceux qui ont vu Le déclin de l'empire américain (ce qui n'est pas mon cas). Parce que j'ai bien l'impression que Les invasions barbares remet en cause beaucoup d'aspects de son prédécesseur. Mais je ne peux pas juger de cet aspect, et en tant que film tout court, Les invasions barbares ne m'a pas vraiment convaincu.

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