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Sunshine

de Danny Boyle
UK, 2007

Formellement, le film est vraiment très maîtrisé : excellente mise en scène, magnifique photographie, effets spéciaux impressionnants, acteurs impeccables, très bonne musique... Un vrai plaisir pour les yeux et les oreilles. Par contre le scénario ne fera pas l'unanimité. Même s'il trouve un équilibre intéressant entre l'émerveillement et la frayeur (notamment face à l'astre solaire, à la fois source de vie et de mort), il reste un peu minimaliste et légèrement confus vers la fin. Ce n'est pas le coeur du film. Le réalisateur se concentre plutôt sur le côté psychologique et humain de l'histoire : l'homme face à un environnement hostile, les tensions qui naissent au sein d'un groupe qui fait face à des situations extrêmes, etc. C'est du déjà vu, mais il faut admettre que c'est assez réussi et l'environnement solaire apporte une certaine originalité au film. On pense à "Alien" (sans le monstre évidemment) pour l'ambiance claustrophobique et le final apocalyptique, on pense à "Event Horizon" pour la face sombre de l'âme humaine, ou encore à "2001" pour la majesté de certaines images. A des millions d'années-lumière de "Armageddon" ou de "The Core", il est clair que Danny Boyle traite son sujet, son film et son public avec respect. Ca se sent et ça fait plaisir. On aurait pu espérer un scénario un peu plus fouillé, ce qui nous aurait certainement donné un véritable chef d'oeuvre de la SF. Au lieu de ça, on se contentera d'un bon, voire très bon film de SF. Ce qui est déjà appréciable.

mise à jour, 2016 :

Remarques en vrac

--- Avec spoilers ---

J'adore le design du vaisseau. Massif et fin, fonctionnel et élégant. Sa forme allongée évoque nettement le Discovery de 2001, et ça ne m'étonnerait pas que ce soit un hommage au film de Kubrick.

L'intelligence artificielle du vaisseau est fantastiquement inefficace. Lorsqu'un incendie se déclare à bord du vaisseau, elle se contente de dire que la mission est en danger, et il faut lui poser plusieurs questions avant qu'elle explique clairement ce qui se passe. Une alarme à incendie qu'on trouve dans n'importe quelle quincaillerie serait plus utile. Pareil vers la fin : il y a un passager clandestin qui utilise de l'oxygène, ce qui met en péril la mission. Mais l'IA commence par annoncer à Capa "You are dying", sans donner plus d'informations. Et il faut lui tirer les vers du nez pour finalement obtenir l'information cruciale.

À la réflexion, le scénario est sans doute plus intéressant qu'il n'y paraît au premier abord. Quelques éléments :

  • Le soleil (lumière) est symbole de vérité (notamment chez Platon), donc le projet Icarus peut être vu comme une quête de connaissance.
  • Les personnages qui contemplent le soleil sont filmés avec des effets de flou, voire des effets de déformation de l'image. Au contact de la vérité, le Moi se dissout; aux limites de la connaissances, on flirte avec la folie.
  • C'est apparemment ce qui est arrivé à Pinnbacker, commandant du vaisseau Icarus I. D'ailleurs lorsqu'on le voit, il est toujours accompagné, lui aussi, de ces effets de flou et de déformation de l'image. On ne le voit jamais nettement. Il est la folie incarnée.
  • La folie de Pinnbacker a de forts relents de fanatisme religieux; or la religion est justement, d'une certaine manière, une quête de connaissance (cf. point 1 : soleil = lumière = vérité = connaissance).
  • Cette tonalité religieuse contraste fortement avec l'approche rationnelle et scientifique qui reste celle de l'équipage du Icarus II jusqu'au bout, malgré leurs erreurs et conflits. Et la science est elle aussi une quête de connaissance.
  • Donc conflit science / religion assez clairement thématisé.

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