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Quelque part dans l'au-delà, vit un Ange de la Mort [1] du nom de Ryuuku. Ryuuku s'ennuie. Ryuuku en a marre de jouer aux osselets avec ses pairs. Alors pour se distraire, Ryuuku laisse tomber son Carnet de Mort (Death Note) sur Terre.

Le carnet atterrit dans la cour d'un lycée de Tôkyô, et c'est le jeune Yagami Raito [2], élève surdoué, qui le ramasse par hasard. Les premières pages du Death Note contiennent un mode d'emploi rédigé en anglais : si on écrit le nom d'une personne dans ce carnet, tout en visualisant mentalement le visage de ladite personne, celle-ci mourra dans les quarante secondes. Il est possible de spécifier les circonstances précises de la mort. Si on ne le fait pas, la personne mourra simplement d'une crise cardiaque.

D'abord incrédule, Raito ne résiste pas à la curiosité et découvre rapidement que les capacités du Death Note sont tout à fait réelles. Grisé par ce pouvoir immense, il se met en tête de bâtir un monde meilleur en tuant tous les criminels dont les médias ont diffusé le nom et la photo. Face à cette immense vague de morts inexpliquées, Interpol fait appel à un enquêteur d'exception, le mystérieux "L", dont le nom et le visage ne sont connus de personne. Débute alors un duel sans pitié entre ces deux ennemis qui ignorent tout l'un de l'autre. C'est à celui qui sera le plus malin et découvrira en premier l'identité réelle de son adversaire sans révéler la sienne propre.

Death Note, c'est mon dernier coup de coeur pour une série TV : un concept accrocheur, un scénario redoutablement bien ficelé et une réalisation de haute volée. Tout pour plaire. Cette série animée japonaise est diffusée hebdomadairement depuis le 3 octobre dernier sur Nippon TV, à 0h56. Une tranche horaire qui ne doit rien au hasard : non pas que la série soit particulièrement violente (au contraire, elle se base principalement sur les dialogues et les ambiances); mais elle joue avec des notions passablement dérangeantes et ne porte aucun jugement moral explicite sur les actions des protagonistes. Comme une immense partie d'échecs, dont les pièces seraient des êtres humains.

Exception faite du vilain générique de début (du hard rock à la sauce J-Pop), le résultat est parfaitement maîtrisé. On est surpris par la créativité machiavélique dont fait preuve Raito lorsqu'il utilise son carnet. On l'est tout autant par l'intelligence des raisonnements de L, qui cerne progressivement son adversaire sur la base d'un faisceau d'indices extrêmement mince. On est ému par les victimes impuissantes qui constituent le dommage collatéral de ce sinistre jeu du chat et de la souris. On est fasciné par ces Shinigami crépusculaires, spectateurs cyniques et décadents, que l'on découvre très progressivement mais dont le rôle est loin d'être négligeable.

Le série TV n'est que la pointe émergée de l'iceberg. A l'origine, Death Note est un manga très populaire... tellement populaire que le cinéma japonais lui a déjà consacré deux longs métrages (et un troisième en préparation), avant même que la série TV voie le jour. (Edit : Hum, à ce sujet, voir mon commentaire ci-dessous.)

Notes

[1] : en japonais, Shinigami.

[2] : suivant l'usage japonais, le nom (Yagami) précède toujours le prénom (Raito).